Le campagnol amphibie : une espèce menacée étudiée dans la vallée des Baux

4 avril 2022

« Cousin » du campagnol terrestre, plus connu de nos campagnes, il est moins envahissant et bien plus discret. Comme son nom l’indique, le campagnol amphibie a un mode de vie entièrement lié à l’eau, vivant au bord des ruisseaux, des rivières, des étangs et dans diverses zones humides. Endémique de la France et de la péninsule ibérique, c’est l’une des rares espèces de rongeurs menacées de disparition et protégées à l’échelle nationale. Notre équipe a récemment mené une enquête à grande échelle pour mieux connaître sa répartition dans la vallée.

 

La « Trame turquoise » : notre zone d’étude 

Les connaissances du campagnol amphibie sont très fragmentaires, même si d’importantes prospections de terrain ont eu lieu en France entre 2010 et 2013 dans le cadre d’une enquête nationale coordonnée par la SFEPM (Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères). Une première recherche de l’espèce menée par nos équipes en 2018 dans la vallée des Baux avait permis de rapporter quelques données de présence. 

En 2021, le Parc Naturel Régional des Alpilles nous a sollicité pour réaliser la cartographie de la « Trame turquoise » des marais des Baux. Certaines espèces de la vallée ont un cycle de vie qui dépend à la fois des milieux aquatiques humides (trame bleue), et des milieux terrestres plus secs (trame verte) comme les amphibiens, les libellules, les oiseaux… et certains mammifères comme le campagnol amphibie. Cette zone tampon est appelée la « Trame turquoise » et fait l’objet de projets de restauration visant à lutter contre la perte de la biodiversité. 

Le campagnol amphibie étant une espèce typique de cette trame, une équipe de volontaires pilotée par notre volontaire en service civique Jeanne Forcade, diplômée en écologie, a démarré une étude à grande échelle en novembre 2021 afin de mieux connaître sa répartition sur les 3 000 hectares de la vallée des Baux et la cartographier.

 

Une enquête minutieuse basée sur la recherche d’indices de présence

Concrètement, la méthode a consisté à diviser toute la zone d’étude en carrés de 1 km de côté. Au sein de chaque carré ont été déterminés au moins 2 parcours localisés le long des berges de canaux ou de roubines (petits canaux d’assainissement ou destinés à l’irrigation), situés dans des milieux a priori favorables à l’espèce. Ces parcours ont été prospectés minutieusement pour trouver des indices de présence du campagnol : crottes, réfectoires (sites où de petits amas de tiges coupées sont retrouvés) ou encore pistes aménagées dans les hautes herbes (sortes de tunnels qui conduisent régulièrement à de nouveaux indices).

 

L’étude révèle une forte présence du campagnol dans la vallée

Fin février 2022, Jeanne et son équipe avaient parcouru 32 carrés, couvrant ainsi l’essentiel de la vallée des Baux. La présence du campagnol amphibie a pu être confirmée dans 13 carrés et elle est suspectée dans 4 autres. Ces premiers résultats révèlent que ce mammifère menacé bénéficie d’un environnement favorable localement et nous permettent de mieux connaître sa répartition. 

Les secteurs où le campagnol amphibie n’a pas été observé pourraient également faire l’objet de mesures de protection, comme la gestion raisonnée des berges des canaux. Dans les prochains mois, dans le cadre de l’étude plus globale sur la Trame turquoise, nous fournirons au Parc Naturel Régional des Alpilles des préconisations précises pour favoriser la sauvegarde de l’espèce.

Une étude cofinancée par l’Union européenne

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