Un nouveau protocole-test pour protéger les orchidées des Courmettes

22 avril 2022

En 2010, en France métropolitaine, sur les 160 espèces d’orchidées identifiées, 27 étaient menacées d’extinction, et 36 étaient en passe de le devenir*. Sur le Domaine des Courmettes, site classé Natura 2000 géré par A Rocha, 34 espèces ont été recensées. Début 2022, notre équipe a décidé de mettre en place un protocole-test de suivi des orchidées pour les préserver de menaces potentielles et suivre l’état écologique du site.

 

© Nicolas Zwellen

Les orchidées : des fleurs sensibles à l’évolution de leur écosystème

Dans le monde, il existe entre 19 000 et 24 000 espèces d’orchidées dont les interactions avec leur environnement varient beaucoup selon les espèces. Leur cycle de croissance annuel est très dépendant de la température de leur écosystème. Par exemple, les orchidées à tubercules ne fleurissent qu’après un état de “dormance”, qui se produit lorsque les températures baissent pendant l’hiver. De même, dans les endroits où les étés sont très chauds, lorsque les ressources en eau sont très limitées, la plante s’adapte et entre dans une phase de « repos ». La croissance de la plupart des orchidées dépend également de leur exposition à la lumière, car la floraison est directement liée à la photopériode (durée du jour). Ainsi, dans le sud de la France, où se trouve la plus grande diversité d’orchidées, la phase de floraison est plus précoce et plus longue que dans le nord du pays. 

© Nicolas Zwellen

Les orchidées sont des espèces bio-indicatrices : leur présence et leur évolution reflètent les variations des conditions environnementales, par exemple la fermeture des milieux, le surpâturage ou le changement climatique. L’étude d’espèces bio-indicatrices permet donc de suivre l’évolution d’un écosystème et de son état écologique. Dans notre cas, le Domaine des Courmettes offre une mosaïque de milieux : zones humides, forêts, prairies pâturées et/ou fauchées… Cette variété de milieux mais aussi d’activités humaines (pâturage plus ou moins intensif, fauchage ou non) permet ainsi à des espèces d’orchidées ayant des besoins écologiques différents de s’installer. Suivre ces différentes espèces aux exigences écologiques différentes permet de suivre l’évolution des différents milieux. 

 

Les causes de la disparition d’orchidées en France

Cela fait maintenant plusieurs dizaines d’années que les scientifiques ont observé** une diminution significative du nombre d’orchidées en France. Les causes de leur disparition progressive sont notamment :

– La destruction de leurs habitats : beaucoup de biotopes sont victimes de l’urbanisation, de l’agriculture intensive, ou transformés en zones industrielles

– Les fertilisants, herbicides ou produits phytosanitaires : ils polluent les sols et les aquifères et les orchidées sont très sensibles aux perturbations de la rhizosphère (zone du sol où sont les racines)

– La commercialisation : la vente d’orchidées est une activité lucrative, surtout pour les espèces tropicales (ne concerne pas la France)

– Le changement climatique : au niveau local, les moyennes de températures et l’intensité des précipitations modifient l’écosystème

– L’évolution naturelle de leur habitat : la dynamique de végétation indique que les milieux ouverts (peu denses en végétation) ont tendance à se refermer, car gagnés par les ronces, les genêts… et à faire disparaître les orchidées en même temps

 

Test d’un protocole de suivi des orchidées du Domaine des Courmettes pour s’assurer du bon état écologique du site

© David Nussbaumer

Depuis 2018, 34 espèces d’orchidées ont été recensées sur les 600 ha du Domaine des Courmettes. Début 2022, Coline Raillon, responsable du pôle nature aux Courmettes, et Alejandra, en volontariat européen, ont mis en place un protocole-test d’étude sur 12 zones avec différents types d’habitats pour :

– Analyser l’effet du pâturage sur la reproduction des orchidées

– Suivre l’évolution des populations d’orchidées sur les zones étudiées

– Analyser l’évolution de leurs habitats (fermeture des milieux, surpâturage, changement climatique)

– Identifier les menaces existantes ou potentielles à leur survie

Cette première année permettra de tester le protocole et de le modifier si nécessaire. Les données collectées en 2022 serviront d’état de référence. Nous comptons poursuivre ce suivi sur le long terme afin de mieux connaître l’évolution de l’état écologique du Domaine et pouvoir, si nécessaire, mettre en place des actions de préservation des différents milieux.

*(UICN France, 2009; UICN France, 2015), ** (Bournérias, & Prat, 2005)

Une étude cofinancée par l’Union européenne

 

 

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